Le Père JACOB , supérieur du collège de 1945 à1953
C’est le » Pater Familias », connu également des Anciens d’avant-guerre, aimé de tous.Il était d’un abord facile mais savait être ferme quand il le fallait
Il s’était rendu compte que la qualité de l’enseignement réclamait des enseignants stables et non des éléments de passage qui ne portaient aucun intérêt au collège.Il fit donc l’acquisition de logements et d’un immeuble, place Jeanne d’Arc,pour loger des professeurs mariés; c’était à son avis une assurance de stabilité. Le père Jacob sut insuffler au Collège Sainte-Marie un esprit de grande famille,organisant des fêtes avec la participation de tous.C’était disait Maurice Rey, l’esprit de 68 avant la lettre. Bon religieux, il accepta sa nomination dans un autre établissement; il aimait tant son collège,ses élèves,ses professeurs qu »il mit en garde contre son successeur ,en toute loyauté… et à bon escient.
Pendant des années,un groupe d’Anciens,sous l’égide du bouillant Joseph Auer,se rendait à Offendorf et recevait un accueil chaleureux chez le Père Jacob, en suite de quoi nous allions tous au restaurant.
Une existence exemplaire faite d’altruisme et de dévouement..
Le Père VIGOUREUX
qui porte bien son nom,est né à Curepipe dans les îles Maurice. Bilingue parfait, il avait décidé d’apprendre l’allemand et suivait avec assiduité les cours du père Fromholtz, ensuite de quoi un séjour en Allemagne lui a procuré l’aisance de l’expression orale.Un phénomène !… À la déclaration de la guerre, le collège se retirait à Bury en région parisienne. Vigoureux était chargé d’expédier là-bas, tout ce qui était possible ; il réussit à faire réquisitionner des wagons dans lesquels pupitres, bancs, livres, cuisinières, pratiquement tout, fut expédié .Non content de cela, il expédia un télégramme : « dois-je expédier aussi les portes et les fenêtres ? « . Réponse : « Pitié, nous sommes submergés ». Etant sujet Franco-Britannique, il se réfugia en Savoie où il fit réquisitionner un hôtel pour ouvrir un collège qui abritait également des éléments à risque,des juifs en particulier.
Le Père Schwaller
Chaque année,le père Jacob invitait à notre table une personne Un poème ! Travailleur acharné, il a maîtrisé à l’université, le latin et le grec . J’ai vu certaines de ses dissertations françaises, parfois de trente pages ou plus, sanctionnées par des notes flatteuses.' »il parle l’italien mieux que moi » avouait Monsieur Marson, notre ami, homme à tout faire.L’allemand n’a pas de secret pour lui, ni les patois Platt-Deutsch. Tel le professeur Higgings de Bernard Shaw, il sait localiser les personnes en les écoutant : »vous êtes de tel village, car ce mot que vous venez d’utiliser lui est propre ». Jugez de l’étonnement des gensProfesseur de français remarquable, j’ai fait appel à ses connaissances quand je préparais propédeutique ; il n’y pas son pareil pour décortiquer un texte proposé, n’eût-il que trois lignes ; ses élèves obtenaient d’excellentes notes au baccalauréat.Il avait décidé, un jour, d’apprendre l’anglais qu’il a approfondi avant d’effectuer un séjour à Londres.Une de nos pièces maîtresses pour les matchs de foot contre les élèves ; il avait un shoot puissant à vous couper le souffle. Chaque année , le Père Jacob invitait à notre table une personnalité éminente ; Robert Schumann était du nombre ; tous les professeurs étaient invités, en particulier Monsieur Engel, professeur de dessin et peintre apprécié ; il avait eu une vie estudiantine agitée, et effectué des prouesses physiques dangereuses au sommet de la cathédrale de Strasbourg ; il aimait raconter l’histoire du » Graouli », que le père Schwaller connaissait par coeur.À la fin du repas, lorsque le père Jacob s’apprêtait à lever la séance, le facétieux Schwaller ne manquait jamais de dire : »Monsieur Engel, si vous nous racontiez l’ histoire du Graouli !… »
Le père Jacob levait les bras au ciel et Monsieur Engel qui n’attendait que cette invite, commençait sa longue histoire plaisante pour ceux qui ne la connaissaient pas..Et le père Schwaller, dans son coin, se tordait de rire du bon tour qu’il venait de jouer.Le père Schwaller,un poème? Un « Caractère ».
Le Père Fromholtz
Curé d’une paroisse, il menait son monde fermement, se retournant pendant la messe pour dire aux hommes du dernier banc de se lever ; ce qu’ils faisaient en grommelant. Son point faible était la conduite de sa 2 CV… « de quel côté faut-il tourner le volant quand on recule ? ». Je suis allé une fois au Luxembourg avec lui et l’ enjoignis de ralentir avant d’atteindre le haut d’une côte ; nous nous sommes trouvés face à la face avec un tracteur qui traversait la route. S’il n’avait pas obtempéré, nous serions morts prioritaires… Germaniste distingué, terreur des élèves, parfois détesté par ceux-ci qui diront, plus tard : « au moins avec lui, on travaillait ». Le Père Fromholtz a été professeur d’Allemand de 1945 à1963
Le Père FELTZ
Luxembourgeois,préfet de discipline:il n’avait qu’à lever un sourcil pour obtenir un silence parfait.Notre arbitre lors des matchs de foot contre les élèves ; de connivence avec la cuisine ,c’était le jour de frites pour les élèves qui,alourdis,perdaient de leur pugnacité et nous concédaient la victoire .